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Supprimez le communiste !

Extraits

Je n’aime pas celui que vous êtes devenu, mon ami ! - Tiens, tiens ! - Oui. Soyez celui que vous étiez. Si vous redeveniez l’homme que vous avez été, vous deviendrez aux yeux de tous, ou pour tout le moins, à mes yeux, et ce n’est pas peu dire, le jeune homme amoureux de la vie, calme, avisé et curieux de tout. Admiré de tous, vous dégagiez une estime, voire une adoration de tous. Maintenant, vous êtes ambitieux, hargneux, irritable, et sans cesse sollicité par des thuriféraires qui ne vous flattent que pour obtenir de vous quelques faveurs, ou pire, des prébendes. - Ah bon ? - Regardez-vous, mon ami. Vous n’êtes plus que l’ombre de vous-même. Tous ces militants, comme vous dites, où sont-ils quand vous en avez besoin ? Tout votre peuple, selon votre expression, viendra t’il à vos obsèques ? Il aura tôt fait de trouver un autre tribun pour le faire frémir au son de belles paroles prononcées lors des conférences électorales. Reprenez-vous, mon ami ! Vous avez des ennemis qui veulent vous anéantir. On ne parle que de vous au marché et sur le parvis de l’église. Et pas qu’en bien ! Je porte votre nom. Je le défends en public, mais le soir, je pleure quand je fais ma prière. Votre comportement me déçoit. Je m’attendais à mieux. Une petite vie tranquille, une famille, un foyer uni. Hélas ! Trois fois hélas. Tout cela n’est que façade. Vous me décevez, Déméter. Vous êtes tout le temps absent. Quand vous êtes là, il y a plein de gens qui viennent constituer des dossiers de Sécurité sociale. Vous êtes enseignant, à ce que je sache ? Et pourtant vous faites comme si vous étiez un rédacteur de cet organisme. Reprenez-vous, mon ami ! Vos enfants ne vous voient pas. Et pourtant je leur affirme qu’ils ont un père. Vous préférez vous consacrer au peuple. Il est certainement prêt à vous donner des électeurs, le peuple ! Il serait prêt à enfanter pour vous, le peuple ! Qu’à t’il donc de plus ce moi, ce peuple ? Que vous ai-je fait pour que vous me négligiez de la sorte ? - J’en ai assez entendu pour ce soir. Je sors. Je ne rentrerai pas dîner. Bonsoir. - Mais, Mais… Déméter, Démé… Mica…

J’ai mal ! Mes boyaux se tordent. Ah, saloperie de limonade ! Ils ont mis du poison dedans. Et pourtant, c’est Télémaque Lenrault qui me l’a servie, je crois, quand on était à la librairie du Parti. Je ne sais plus. Il me semble que le Camarade Ebène en aurait bu aussi. Enfin ! Tout ça devient flou dans mon esprit. J’ai bien trouvé qu’elle avait un petit goût bizarre, mais j’avais très soif. Je l’ai bue d’un trait. Ah, les voyous ! Ils ont voulu me tuer, les enfants de Caligula, réincarnation d’Agripine et de son triste fils Néron, de Lucrèce Borgia, de La Voisin et de combien d’autres ! Diantre ! Enfin, Dante !

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